President Kabila with representatives of the Kimbanguist Church during his consultations (Radio Okapi/John Bompengo) |
Censées consolider l’unité du peuple congolais
face à «l’agression extérieure» et mobiliser les énergies autour des objectifs
du développement, les concertations nationales convoquées fin 2013 n’avaient
pas réussi à fédérer l’ensemble des forces vives de la RDC. Bien au contraire, plusieurs
acteurs politiques et de la société civile s’étaient désolidarisés de
l’initiative en dénonçant son caractère unilatéral et cavalier.
Un rendez-vous manqué, en somme. Le dialogue
voulu par l’Accord-cadre d’Addis-Abeba avait ainsi opéré sa mue, exacerbant les
divisions au sein de la classe politique congolaise avec d’un côté la majorité
à laquelle s’étaient joints certains partis politiques de l’opposition tels que
l’UNC, le MLC et l’UFC de Kengo wa Dondo, face à un front du refus mené par
l’Udps d’Etienne Tshisekedi et ses alliés.
Entre les deux camps, la communauté
internationale dont les envoyés spéciaux – Union Africaine, Union Européenne,
USA - s’étaient régulièrement déployés dans la région des grands lacs, n’avait
pas ménagé ses critiques, dénonçant le non respect par la RDC de l’un de ses
engagements pris dans le cadre de l’Accord d’Addis-Abeba.
Aujourd’hui encore, il n’est pas sûr que la
situation n’est pas la même et que les mêmes causes ne finiront pas par
produire les mêmes effets. En témoignent les deux principaux messages rendus
publics par Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi à l’occasion du 55ème
anniversaire de l’indépendance de la RDC.
Si, globalement, le président congolais et le
leader de l’Udps semblent s’accorder sur les points à l’ordre du jour du
dialogue à venir - consensus autour du
calendrier électoral, fiabilisation du fichier et enrôlement des nouveaux majeurs,
financement et sécurisation du processus électoral – ils divergent totalement,
en revanche, sur les objectifs et la méthodologie. Ainsi, là où Joseph Kabila
est resté muet sur son sort à la fin de son deuxième et dernier mandat, l’Udps
martèle sur le respect des articles verrouillés de la constitution – notamment
le célèbre 220 qui interdit tout troisième mandat. Même antagonisme en ce qui
concerne la facilitation. Là où Joseph Kabila récuse toute médiation
internationale, l’Udps invoque l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et appelle la
communauté internationale à apporter la garantie de bonne fin du dialogue.
Des positions diamétralement opposées, très
caractéristiques d’un véritable dialogue des sourds. Ce qui n’exclut pas des
phénomènes de vases communicants entre les deux camps, notamment dans le chef
de certains partis politiques de l’opposition – en témoigne leur participation
à la session extraordinaire du parlement sur la répartition des sièges pour les
élections locales et municipales – tentés de rejoindre les propositions du chef
de l’Etat dans l’espoir de jouir des dividendes de l’après-dialogue, là où l’Udps
serait tentée de saisir le prétexte du refus de la médiation internationale
pour se réconcilier avec le MLC, l’UNC, les FAC...au profit d’un front du refus
revu et renforcé.
Il restera, alors, à déterminer quel scénario
un tel développement augure pour l’avenir. D’ici là, dialogue des sourds ou
concertations nationales-bis, tous les ingrédients semblent se mettre
progressivement en place pour une crise déjà programmée. Mais à qui
profitera-t-elle ?
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