Le chef de la MONUSCO Martin Kobler et le Gouverneur Julien Paluku assistent aux obsèques des victimes des massacres à Beni (Radio Okapi) |
Voici plus
d’un mois qu’il n’y a plus eu de massacres en ville et Territoire de Beni, malgré la
persistance de bruits de bottes. L’accalmie coïncide avec la relève du
commandement et d’une partie des troupes des FARDC engagées dans les opérations
Sukola 1 contre les rebelles ougandais ADF (Allied
Democratic Forces). La concomitance de la fin – ou suspension – des massacres
avec ces changements au sein des FARDC
attire certes la curiosité sur la portée de ceux-ci, mais surtout sur le
rôle des FARDC, les facteurs ayant conduit à la relève et les conséquences
perçues de ces changements sur l’évolution du contexte.
La relève et
restructuration au sein des FARDC engagées dans les opérations Sokola 1
Les cérémonies de passation du commandement ont eu lieu
le vendredi 5 juin 2015 au camp FARDC de l’OZACAF Beni. Le Général de Brigade
Muhindo Akilimali Charles (Akili Mundos), commandant la 31e brigade,
a été remplacé à la tête du secteur opérationnel Nord-Kivu, Grand-Nord,
Opérations Sukola 1, par le Général de Brigade Mbangu Mashita Marcel. La
mission assignée au nouveau commandant : neutraliser les ADF. L’ancien
commandant adjoint des opérations Sukola 1, colonel Muhima, a également été remplacé. La cérémonie, présidée
par le commandant de la 3e zone de défense des FARDC, le
général-major Léon Mushale, s’est déroulée en présence du chef d’Etat-major
général des FARDC, le général Didier Etumba, et du Représentant spécial adjoint
du Secrétaire Général des Nations unies en RDC, David Gresley.
Au niveau des troupes, celles qui ont été relevées du Nord-Kivu sont :
- le 801ème Régiment du colonel Mugisha, relevé de Kasando (Territoire de Lubero) ;
- le 1007ème régiment du colonel Karomo (désormais 3415ème brigade et redéployé au Sud-Kivu) ;
- le 808ème régiment du colonel Murenzi, redéployé au Sud Kivu comme 3407ème brigade ;
- la 31ème Brigade commandée par Mundos (redéployée à Mambasa).
- le 311ème bataillon URR (unité de réaction rapide) du général Kalonda venu de Nyiragongo pour couvrir désormais l’axe Mbau-Kamango ;
- le 3302e régiment (en remplacement du 808e);
- le 3310e régiment ;
- le 3304e régiment en provenance de la plaine de la Ruzizi.
Certaines autres troupes ont subi des petits changements sans être
déplacées de Beni. En l’occurrence :
- Le 805ème régiment est devenu 3402ème brigade ; il sera sous les ordres du colonel Balinga en remplacement du colonel Kennedy, pour contrôler la brousse autour d’Oïcha ;
- Le 809ème régiment devenu 3408ème brigade contrôle Oïcha qui devient un sous-secteur opérationnel, sous les ordres du colonel Fredy Kabalenga, en remplacement du colonel Kisembo ;
- Le 1003ème régiment devient 3413ème brigade et contrôle Beni-ville sous les ordres du colonel Emile, en remplacement du colonel Tangazo, muté désormais sur l’axe Mutwanga à la tête du 1006ème régiment (devenu 3414ème brigade).
Il est tôt d’essayer de parler
de conséquences de ces changements. Mais déjà on peut constater une hausse en
confiance de la population locale envers l’Etat, et on voit que les paysans
commencent à rentrer dans leurs champs. Ces changements ont aussi ouvert
l’opportunité de renforcer la discipline militaire en enquêtant sur l’implication de
certains FARDC et en sanctionnant les éventuels indisciplinés (Comme le lieutenant-colonel Benjamin
Kiwebe arrêté le 14/06/2015). Néanmoins, les massacres continuent– on en compte
trois depuis le départ du Général Mundos : le 26 juin, le 9 juillet et le
14 juillet.
Confusion
sur les forces en présence et le rôle des FARDC
Le départ des
commandants contestés n’a pas maté la controverse autour de l’identité des
assaillants. Les conjectures et spéculations demeurent dans tous les
sens :
- Les ADF qui ne seraient plus que cinq centaines avant d’être quasi-entièrement défaits par les Opérations Sukola 1 pendant le premier semestre 2014 et dont les résidus seraient tentés de se venger ou de détruire la confiance de la population envers les FARDC ;
- Les familles hutu dont les migrations en quête de champs vers « Boga et Tchabi » en passant par Beni coïncident avec les massacres à Beni ;
- Les élites politiques locales rivales qui essaieraient de se diaboliser mutuellement à l’approche des élections ;
- Les FARDC, infiltrées ou complices, dont l’inaction ou l’inefficacité face aux massacreurs ne rime point avec leur omniprésente position de force dans la contrée ;
- Le M23 et autres groupes armés intéressés à préparer le lit d’une nouvelle rébellion.
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