Ce n’était pas le scénario rêvé pour la Commission
Electorale Nationale Indépendante (CENI). Mardi 28 juillet, la centrale
électorale congolaise a annoncé le report de la date de l’élection des
gouverneurs des nouvelles provinces issues du récent découpage territorial en
République Démocratique du Congo. Soit, au total, 21 gouverneurs et leurs
adjoints. Les partis politiques tout comme les indépendants soucieux de
présenter leurs candidats ont désormais jusqu’au 21 août pour préparer et
présenter leurs dossiers. Annoncées par le rapporteur général de la CENI, les
dates clés de cette séquence sont les suivantes :
- Du 24 juillet au 21 août : dépôt des candidatures auprès de la représentation
provinciale de la CENI.
- Du 22 août au 26 août 2015 : retrait, ajout ou substitution des
candidatures.
- Du 27 août au 10 septembre 2015 : transmission des dossiers physiques
des candidats au bureau de la CENI et délibération.
- Le 11 septembre 2015 : publication de la liste des candidatures recevables
et non recevables par la CENI.
- Du 12 septembre au 14 septembre 2015 : dépôt des recours en
contestation des listes des candidatures à la Cour d’appel.
- Du 15 septembre au 21 septembre 2015 : traitement des contentieux des
candidatures par la Cour d’appel.
- Le 22 septembre 2015 : publication de la liste définitive des
candidats par la CENI.
- Du 22 septembre au 1er octobre 2015 : accréditation des témoins, des
observateurs et des journalistes aux secrétariats exécutifs provinciaux de
la CENI de chaque nouvelle province.
- Du 2 octobre au 4 octobre 2015 : campagne électorale.
- Le 6 octobre 2015 : élection des gouverneurs et vice-gouverneurs
par les députés provinciaux et publication des résultats provisoires par
la CENI.
- Du 7 octobre au 14 octobre 2015 : dépôt des recours en
contestation des résultats devant la Cour d’appel.
- Du 15 octobre au 21 octobre 2015 : traitement des contentieux des
résultats par la Cour d’appel.
- Le 22 octobre 2015 : publication des résultats définitifs par la
Cour d’appel.
Pour beaucoup de
commentateurs à Kinshasa, l’annonce faite par la CENI a fini par entamer le peu
de crédibilité qui restait encore à la centrale électorale congolaise. Celle-ci a en effet assisté, sans aucune
réaction, à l’activisme écrasant du ministère de l’intérieur tout au long du
mois de juillet, au cours duquel le découpage territorial a été effectivement
mis en place par les commissions constituées à cet effet. Le ministère de
l’intérieur est allé jusqu’à annoncer «ses» dates pour l’élection des
gouverneurs, entre fin juillet et début août. Une prérogative qui revient
pourtant à la CENI en sa qualité de pouvoir organisateur des élections en
République Démocratique du Congo.
Le coup de
grâce, s’il faut ainsi s’exprimer, est venu de l’annonce, mardi 28 juillet par
la CENI, du report de la date de l’élection des gouverneurs. Une annonce qui
intervient au moment où des fuites avaient déjà prévenu que cette option était
celle du bureau politique de la majorité, qui s’était réuni à ce propos lundi 27
juillet au Palais du Peuple. La majorité aurait souhaité se donner un peu plus
de temps pour évaluer la nouvelle situation, compter ses forces avant d’aller à
l’assaut des nouvelles provinces ou de conclure des «deals» avec des partis
politiques de la majorité ou de l’opposition soutenant l’option du dialogue.
Le mauvais
«timing» de l’annonce de la CENI a ainsi, malheureusement, confirmé les
critiques de ceux qui ridiculisent une «CENI aux ordres de la majorité». La
deuxième conséquence fâcheuse est la confirmation de l’analyse selon laquelle
le calendrier électoral de la CENI n’est plus qu’un chiffon. Et que la
concentration des élections locales, municipales, urbaines et provinciales, dans
la meilleure des hypothèses fin 2015 et, au pire, courant 2016, repousserait
ipso facto la présidentielle et les législatives nationales, à la fois faute
d’argent et de temps.
Une sorte de
démonstration par l’absurde. D’autant que la CENI se sera elle-même fait
hara-kiri. On peut, déjà, en faire le constat avec l’important retard accumulé,
au stade actuel, sur certaines étapes du calendrier électoral : dépôt des
candidatures aux élections communales et locales du 26 mai au 28 juillet
2015 ; publication des listes définitives des candidats députés
provinciaux le 9 juin 2015; contentieux des candidatures des candidats
conseillers des communes et des secteurs-chefferies du 13 au 23 juillet
2015; publication des listes définitives des candidats conseillers des communes
et des secteurs-chefferies le 28 juillet 2015.
Lentement mais
sûrement, la boucle est en train d’être bouclée en faveur du glissement.
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