Painting by Cheri Samba

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Wednesday, July 15, 2015

Jean Kenge: Une crise programmée ?

President Kabila with representatives of the Kimbanguist Church during his consultations (Radio Okapi/John Bompengo)
Censées consolider l’unité du peuple congolais face à «l’agression extérieure» et mobiliser les énergies autour des objectifs du développement, les concertations nationales convoquées fin 2013 n’avaient pas réussi à fédérer l’ensemble des forces vives de la RDC. Bien au contraire, plusieurs acteurs politiques et de la société civile s’étaient désolidarisés de l’initiative en dénonçant son caractère unilatéral et cavalier.

Un rendez-vous manqué, en somme. Le dialogue voulu par l’Accord-cadre d’Addis-Abeba avait ainsi opéré sa mue, exacerbant les divisions au sein de la classe politique congolaise avec d’un côté la majorité à laquelle s’étaient joints certains partis politiques de l’opposition tels que l’UNC, le MLC et l’UFC de Kengo wa Dondo, face à un front du refus mené par l’Udps d’Etienne Tshisekedi et ses alliés.

Entre les deux camps, la communauté internationale dont les envoyés spéciaux – Union Africaine, Union Européenne, USA - s’étaient régulièrement déployés dans la région des grands lacs, n’avait pas ménagé ses critiques, dénonçant le non respect par la RDC de l’un de ses engagements pris dans le cadre de l’Accord d’Addis-Abeba.

Aujourd’hui encore, il n’est pas sûr que la situation n’est pas la même et que les mêmes causes ne finiront pas par produire les mêmes effets. En témoignent les deux principaux messages rendus publics par Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi à l’occasion du 55ème anniversaire de l’indépendance de la RDC.

Si, globalement, le président congolais et le leader de l’Udps semblent s’accorder sur les points à l’ordre du jour du dialogue à venir -  consensus autour du calendrier électoral, fiabilisation du fichier et enrôlement des nouveaux majeurs, financement et sécurisation du processus électoral – ils divergent totalement, en revanche, sur les objectifs et la méthodologie. Ainsi, là où Joseph Kabila est resté muet sur son sort à la fin de son deuxième et dernier mandat, l’Udps martèle sur le respect des articles verrouillés de la constitution – notamment le célèbre 220 qui interdit tout troisième mandat. Même antagonisme en ce qui concerne la facilitation. Là où Joseph Kabila récuse toute médiation internationale, l’Udps invoque l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et appelle la communauté internationale à apporter la garantie de bonne fin du dialogue.

Des positions diamétralement opposées, très caractéristiques d’un véritable dialogue des sourds. Ce qui n’exclut pas des phénomènes de vases communicants entre les deux camps, notamment dans le chef de certains partis politiques de l’opposition – en témoigne leur participation à la session extraordinaire du parlement sur la répartition des sièges pour les élections locales et municipales – tentés de rejoindre les propositions du chef de l’Etat dans l’espoir de jouir des dividendes de l’après-dialogue, là où l’Udps serait tentée de saisir le prétexte du refus de la médiation internationale pour se réconcilier avec le MLC, l’UNC, les FAC...au profit d’un front du refus revu et renforcé.


Il restera, alors, à déterminer quel scénario un tel développement augure pour l’avenir. D’ici là, dialogue des sourds ou concertations nationales-bis, tous les ingrédients semblent se mettre progressivement en place pour une crise déjà programmée. Mais à qui profitera-t-elle ?

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